Le prochain Président de la République française commencera son mandat avec une dette publique énorme à gérer. Le ou la Présidente va hériter du « quoi qu’il en coûte » d’Emmanuel Macron. Et pourtant, en ce début de campagne, la dette, l’inflation et l’augmentation des taux d’intérêt ne semblent pas inquiéter (intéresser) les candidats.
Faudra-t-il payer la dette du COVID 19 ?
Normalement, une dette doit être remboursée. Mais avec les Etats, ce n’est pas la même histoire. On l’a vu avec le « quoi qu’il en coûte » français, pour soutenir l’économie française pendant la pandémie, il n’y avait plus aucune limite à la dépense. Même la sacro-sainte règle des 3% a sauté comme un bouchon de champagne un soir de noces ! Depuis plusieurs années, avec des taux d’intérêt proches de zéro voire négatifs, il était devenu presque normal d’emprunter pour financer la dette plus ancienne. On pourrait presque y voir une technique institutionnelle d’obligations perpétuelles : on ne rembourse jamais le capital, on ne fait que payer les intérêts ! Ou alors c’est la définition même d’un système de cavalerie. Vous avez le choix.
- En savoir plus : une série audio de France Culture sur la dette
Inflation et taux d’intérêt qui remontent : ça change la donne !
La vraie nouveauté, c’est l’inflation. A force d’arroser les pays d’argent « Banque Centrale », les économies sont en surchauffe. Tout le monde repart en même temps, à fond. Résultat, on rencontre des pénuries de matière première et de main d’œuvre. Et donc les prix augmentent. Pour limiter cette inflation, les banques centrales vont être obligées d’augmenter les taux d’intérêt. L’argent sera plus cher, les entreprises auront plus de mal à emprunter et donc elles vont ralentir. Les plus pessimistes estiment que cela provoquera aussi une chute des actions…Mais comme les indices ont été boostés par le « quoi qu’il en coûte » ou l’argent qui coulait à flot depuis plusieurs années, cela ne devrait être qu’une correction salvatrice pour un retour à des indices plus raisonnables.
Jean-Marc Daniel : attention à la mauvaise dette
L’économiste Jean-Marc Daniel, invité de la rencontre annuelle AuCOFFRE, estime que nous paierons un jour le « quoi qu’il en coûte ». Il ne s’agit pas obligatoirement de remboursement d’une dette selon lui. Mais les prochains gouvernements devront peut-être augmenter les impôts ou mettre en place une politique d’austérité pour réduire la dette publique. D’autant que selon lui, cette dette n’est pas productive, elle n’augmente pas la richesse du pays. Donc elle est mauvaise.
Mais pour l’instant, les candidats à la présidentielle n’en parlent pas. Un peu comme si la dette était cachée « sous le tapis ».