Hier mercredi 23 mars 2011, le Premier Ministre portugais José Socrates a donné sa démission (démission de José Socrates sur BFMTV). Ses raisons ? Pour la quatrième fois, son programme d’austérité destiné à réduire la dette portugaise a été rejeté par l’opposition. Ce programme avait notamment pour ambition de réduire le déficit public à 2% du PIB d’ici 2013. En attendant, des élections anticipées vont être mises en place d’ici le mois de juin. Comme l’Irlande et la Grèce, le pays serait au bord du gouffre et prêt à tout moment à demander une aide européenne. LORetLARGENT.info fait le point pour vous sur la situation désastreuse de nos voisins ibériques, qui risquent de bientôt sortir de la zone euro…
Un gouvernement faible face au refus du plan d’austérité
« Aujourd’hui, tous les partis de l’opposition ont rejeté les mesures proposées par le gouvernement pour éviter que le Portugal doive recourir à un programme d’aide extérieure. L’opposition a retiré au gouvernement toutes les conditions pour gouverner. J’ai par conséquent présenté ma démission au président de la République. Cette crise politique aura des conséquences gravissimes sur la confiance dont le Portugal a besoin auprès des institutions et des marchés financiers ». Les déclarations de José Socrates mercredi 23 mars dernier ont eu des répercussions directes dès le lendemain : la situation financière du pays s’est immédiatement aggravée, une nouvelle hausse du coût du crédit a été notamment enregistrée. Les taux d’intérêt sur les bons du Trésor ont enregistré un chiffre record depuis l’instauration de l’euro à 7,71%.
Cette démission survient alors que ce jeudi à Bruxelles, les dirigeants des 27 pays de l’Union européenne se réunissent afin de se monter rassurants concernant la santé économique et financière de la zone euro.
Dans ce contexte, il va certainement falloir s’attendre dans les semaines qui viennent à ce que le Portugal se tourne vers les instances européennes pour une demande d’aide financière. Cette demande aurait pour conséquence directe de faire repartir l’Union européenne dans un cercle vicieux d’accords de prêts. Alors que cette même Union européenne est déjà bien fatiguée…
Portugal – Argentine, même destinée ?
Que se passera-t-il si le Portugal sort de l’euro ? Sans vouloir tomber dans l’alarmisme à outrance, il est facile de faire le lien entre la situation actuelle portugaise et la crise économique qui a touché l’Argentine au début des années 2000, qui fait encore aujourd’hui du tort au pays.
Que s’est-il passé en Argentine ? Le pays, à la fin des années 90, applique à la lettre les programmes d’ajustement structurel et met en place une politique sévère basée sur la création d’une caisse d’émission. A la même période, le FMI promet au nouveau gouvernement en place un prêt de 10 milliards de dollars afin de renflouer ses caisses et refinancer sa dette, à condition d’instaurer un programme d’austérité. C’est en 2000 qu’un premier programme est lancé : hausse des impôts et taxes, réduction des dépenses fédérales en faveur des provinces, démantèlement du système public de sécurité sociale, libéralisation des secteurs des télécommunications font partie des mesures prises à l’époque. S’en suivent deux autres plans tout aussi sévères.
Le 5 décembre 2001, le FMI refuse d’allouer au pays une aide de 1,3 milliards de dollars, sous prétexte qu’il n’aurait pas respecté le dernier programme de réforme économique. Et pour continuer à rembourser sa dette, que fait le pays ? Il pioche dans ses réserves de fonds de pension…ce qui a eu comme conséquence directe une série de manifestations et d’émeutes qui ont provoqué la déclaration d’état de siège et la démission de Domingo Cavallo puis celle du Président Fernando De La Rua.
Le Président suivant, Eduardo Duhalde impose entre autres la dévaluation de 29 % du peso et supprime la parité avec le dollar.
Quelles ont été les répercussions directes de cette crise sur le pays ? Chute du PIB, augmentation du chômage et de la pauvreté, hausse des prix, endettement extérieur hallucinant…En 2001, l’inflation s’élevait à 30 %. 1 an plus tard, 18 millions de personnes n’avaient aucune protection sociale et le prix des médicaments a grimpé de 200 %.
Le rapport avec le Portugal ? L’argentine à cette époque a complètement déconnecté sa monnaie du dollar : si le Portugal sort de la zone euro, ne risque t’il pas la même destinée ?…Ceci est valable pour tous les pays européens, car aujourd’hui, c’est le Portugal qui est sous le feu de la rampe, mais demain ?
Protégez-vous qu’il disait !
Sans être moralisateur, si les argentins avaient pu à cette époque transformer leur monnaie en or, ils auraient pu largement limiter les effets de l’inflation dans leur vie quotidienne. S’il est bien un actif qui ne perd pas de valeur, c’est l’or : même si les cours ont toujours fluctué au fil des ans, ils restent exponentiels depuis une dizaine d’année et le métal jaune, aujourd’hui en 2011, occupe toujours sa place de valeur tangible.