Les derniers plans de relance proposés par les différents pays ont naturellement été abondamment commentés de la part des économistes de toutes sensibilités. Régulièrement, ils sont invités sur les plateaux de télévision comme contradicteurs des hommes politiques. Rien de plus normal à ce que les experts d’un domaine s’expriment sur les décisions dont ils comprennent, mieux que quiconque, les conséquences.
On peut pourtant ressentir là un certain malaise. Les citoyens voudraient avoir un débat politique, et c’est sur cela que devraient argumenter les gouvernements ou les candidats. Or les débats ou les analyses portent aussi sur la partie technique du dossier. Cela ne traduit-il pas le fait que le problème que proposent les hommes politiques était faussé, et qu’un citoyen ordinaire ne pouvait pas si retrouver ?
Cela est notamment frappant lors des duels oratoires entre personnes politiques de bords opposés. On en vient à se demander si chacun des protagonistes n’a pas inventé sa propre théorie économique. Dans l’esprit du téléspectateur, ou plus généralement du citoyen non-spécialiste, on ne sait plus si la question se ramène à un simple problème technique ou à un vrai choix de valeurs, un choix de société, un choix politique.
La confusion est abondamment entretenue par le personnel politique, qui profite de ce que la majorité d’entre nous n’est pas experte du domaine, afin d’asséner des chiffres et de brandir des solutions, derrière des bribes d’explication dont il est le seul maître.
Généralement, le problème est mal posé, et il me semble que les hommes politiques en portent une large part de responsabilité. Ou bien ils essaient de nous convaincre que leur solution est la bonne, en nous demandant de manière rhétorique de juger de leur proposition en tant que spécialiste du domaine, ce que nous ne sommes pas. Il s’agit là véritablement d’un coup bas, comparable à attaquer un homme désarmé. Ou bien ils tentent de faire croire que le problème n’appelle qu’une seule solution – la leur – qui se réduit à des considérations techniques (on l’a beaucoup entendu sur la question des retraites, entre autres). Il n’y aurait pas de choix. C’est une malhonnêteté intellectuelle caractérisée.
La solution trouvée par les médias pour essayer de rétablir un débat qui s’ouvre ainsi initialement de manière bancale, est d’inviter des économistes à s’exprimer, notamment pour corriger les propositions ou les affirmations des hommes politiques. Il s’agit là d’une démarche qu’il faut saluer, et qui est louable sur le plan pédagogique. LIRE LA SUITE SUR ECOFI