Le 18 et 19 juin aura lieu le G20 2012 à Los Cabos, au Mexique, sous la présidence de Felipe Calderon Président actuel du pays.
Il est évident que les questions économiques vont occuper une place centrale dans ce sommet. La crise systémique et financière internationale va être largement abordée et débattue par les 19 pays membres et l’Union européenne. La présence de cette dernière sera plus que bénéfique étant donné le contexte actuel de la zone euro : l’Europe est en effet au centre de toutes les préoccupations. A titre d’illustration, « l’invité d’honneur » de ce sommet n’est autre que Mariano Rajoy, le chef du gouvernement espagnol. Vue la crise que traverse son pays, on se doute bien que Mariano ne se déplace pas pour amener les tapas…
La situation de l’Espagne, quatrième puissance économique de la zone euro, s’aggrave de jour en jour et sa crise financière pourrait fortement impacter l’économie européenne, et par extension l’économie mondiale.
L’Europe et plus précisément la crise de la zone euro focalisent donc l’attention de tous les leaders politiques du monde. Ceux-ci attendent des réponses, des justifications et ont un intérêt commun à ce que la zone euro sorte au plus vite de cette crise.
Un intérêt commun certes pour l’économie mondiale, mais aussi des intérêts particuliers… La résolution de la crise de la zone euro soulève alors des enjeux qui vont bien au delà de l’économie : questions politiques et géopolitiques sont également de la partie !
En France et en Europe, nous sommes un peu (beaucoup) au cœur de « l’évènement », la tête dans le guidon (ou sous l’eau, c’est selon…). Dans ce contexte difficile de voir ce qu’il se passe autour ! Quelle(s) vision(s) et avis les autres pays portent-ils sur la crise de la zone euro ? On s’y intéresse ici :
Les Etats-Unis : Plus que concernés !
Outre-Atlantique Barack Obama se montre très préoccupé par la situation européenne qui a selon lui de fortes répercussions sur l’économie de son pays. Sentiment partagé et confirmé par Ben Bernanke président de la Fed (la Réserve fédérale des Etats-Unis) qui a également indiqué que la crise de la zone euro menaçait le système financier de l’économie américaine. Le président de la Fed a d’ailleurs fait savoir que celle-ci serait prête à intervenir en cas de menace trop forte en Europe (une forme de droit d’ingérence économique ?).
Début juin le président américain s’est longuement entretenu avec ses homologues européens à ce sujet (notamment le Premier Ministre britannique, la Chancelière allemande et le président du Conseil italien), les incitant à adopter un « plan immédiat » pour résoudre cette crise. Selon les propos du Président américain « Il faut agir au plus vite pour injecter des capitaux dans les banques en difficulté ».
Il faut croire que Barack Obama a été entendu car c’est (à peu près) chose faite depuis samedi dernier avec l’accord passé entre l’Eurogroupe et l’Espagne : une aide financière qui atteindrait les 100 milliards d’euros. L’annonce de ce « plan de sauvetage » a été saluée par Barack Obama dans la foulée.
Les Etats-Unis sont donc très attentifs à ce qui se passe actuellement en Europe et pour cause : les enjeux sont conséquents pour Barack Obama.
De la crise économique à la crise politique ?
A cinq petits mois de la présidentielle américaine l’impact de la crise de la zone euro prend une véritable dimension politique outre-Atlantique ! Si Barack Obama s’agite autant auprès des leaders politiques européens, s’il les relance sur la nécessité de « mettre en place un cadre et une vision à long terme en faveur d’une zone euro plus solide, en collaborant davantage en matière de politique budgétaire et bancaire » il ne s’agit pas de bienfaisance, altruisme et charité, ne nous y trompons pas !
Barack Obama ne prodigue pas là quelques bons conseils désintéressés, bien au contraire. Le Président américain joue gros dans cette histoire : sa réélection, ni plus ni moins.
En vérité Barack Obama s’inquiète que cette crise européenne vienne éclabousser encore un peu plus son désastreux bilan économique. Si la zone euro s’effondre, la moindre répercussion économique sur les Etats-Unis (et il y en aurait plus d’une c’est certain !) mettrait définitivement un terme à l’avenir politique d’Obama. En souhaitant sauver la zone euro c’est en fait sa peau qu’Obama veut sauver. Du coup l’Américain a les yeux rivés sur le sismographe (ou l’encéphalogramme, comme vous voulez) de l’Europe et frémit à chaque nouveau mouvement de l’appareil économique. Stupeur et tremblement à la Maison Blanche.
De la stupeur aux sueurs il n’y a qu’un pas. Des sueurs (froides) Barack Obama en a eu lorsque le Département du Travail américain a annoncé début juin les chiffres de l’emploi du pays. La création d’emploi s’effondre et le chômage augmente pour la première fois depuis juin 2011 : mauvais présage pour les élections !
Et effectivement, Mitt Romney, son adversaire républicain n’a pas raté l’occasion de l’épingler à ce sujet, extrait : « Il est désormais clair pour tout le monde que les politiques du président Obama n’ont pas rempli leurs objectifs et (qu’elles) écrasent les classes moyennes. Son slogan de campagne est peut-être « en avant », mais il semble qu’avec lui on aille en arrière. »
Le Président américain s’est défendu en prétextant que des « vents contraires » venus de la zone euro seraient à l’origine de ce mauvais bilan pour l’emploi. Il serait peut être bon de rappeler à Monsieur Obama que la crise de l’Espagne est la conséquence de la crise américaine des subprimes… Alors, qui sème le « vent » récolte la tempête ?
Chine : L’Est lâche du lest
La situation de la zone euro n’échappe pas non plus à la vigilance de l’Est du globe et à la Chine en particulier. L’Empire du milieu a d’ailleurs une vision beaucoup plus pessimiste (presque alarmiste) de la chose que les Etats-Unis. Dans une interview qu’il a accordée au Wall Street Journal le 7 juin, Lou Jiwei, le Président du fonds souverain chinois CIC, n’a pas fait dans la demi-mesure, selon lui : « Il y a un risque d’éclatement de la zone euro et ce risque augmente ». De ce fait Lou Jiwei juge que les marchés publics européens sont trop risqués. Tout simplement.
Face à ce constat le fonds souverain chinois CIC prend toutes ses précautions et réduits ses avoirs en actions et obligations européennes. Une attitude particulièrement révélatrice, et pour cause : La Chine est une grande détentrice de dette souveraine européenne (plus de 500 milliards de dollars !).
Pékin a donc également salué le plan de sauvetage que l’Eurogroupe a passé avec l’Espagne, estimant que cet accord « va aider à restaurer la confiance des marchés » selon une déclaration de Liu Weimin, le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.
La Russie exploite toutes les opportunités
Vladimir Poutine, le Président Russe, s’est également exprimé sur la crise de la zone euro. Il a notamment confié à Angela Merkel ce mois de juin que la crise européenne influait sur l’économie Russe. On comprend davantage l’importance de cet impact lorsque l’on se penche sur les chiffres du pays : près de la moitié des échanges commerciaux extérieurs russes seraient liés aux pays européens et on estime à 40% des réserves étrangères du pays en euros !
En attendant la Russie profite également de cette crise économique pour faire jouer ses intérêts personnels et avancer ses pions. La petite île de Chypre s’est retrouvée très menacée par la crise Grecque et a notamment lancée un appel à l’aide pour un besoin de financement en décembre 2011.
Seulement voila, Chypre ne s’est pas tournée vers l’Union européenne pour cette demande, mais vers la Russie ! 2,5 milliards d’euros de crédit russe ont ainsi été versés en 2011 (pour un taux annuel à 4,5%). En apparence le chiffre de cette « aide » russe peut sembler « faible » mais à l’échelle chypriote il représente 10% du PIB !
La Russie profite donc de la crise pour asseoir un peu plus son influence en Europe. Et géopolitiquement parlant la stratégie russe peut s’avérer extrêmement payante au vu de la situation géographique qu’occupe Chypre dans le bassin méditerranéen oriental. Les enjeux pour la distribution de gaz dans la région sont plus que conséquents !
Une crise multiple
Ce panorama permet de comprendre que la crise de la zone euro ne laisse personne indifférent. La « face cachée » de cette crise laisse même paraître des enjeux qui vont bien au-delà de l’économie et révèle de grandes problématiques politiques et stratégiques.
Même si tous les pays semblent se féliciter du récent accord passé entre l’Espagne et l’Eurogroupe il faut bien voir que celui-ci ne réglera pas le problème pour autant. Injecter des capitaux dans les banques en difficulté n’est pas une solution durable et ne peut que mener à une dévaluation majeure de l’euro !
Il va être important de suivre les prochaines grandes échéances pour la zone euro à savoir : les élections législatives grecques le 17 juin, le sommet du G20 le 18 et 19 juin et le sommet européen du 27 juin. Un beau programme en perspective. On se mettrait presque à rêver d’un Grèce – Espagne pour la FINALE de l’euro le 1er juillet…