Suite à la crise des années 30, un économiste anglais va établir un diagnostic et proposer un nouvel ensemble d’idées économiquement que les milieux intellectuels et politiques vont retenir : c’est John Meynard, premier baron Keynes.
Né à Cambridges d’un économiste et philosophe connu, c’est tour à tour un professeur, un banquier, un spéculateur heureux, un haut fonctionnaire, un diplomate. Il a trente-six ans lorsqu’en 1919, il démissionne de son poste de conseiller du Trésor britannique pour attaquer, dans son livre Les conséquences économiques de la paix, le traité de Versailles, puis la politique déflationniste anglaise, conséquence de la volonté de restaurer la livre à son ancienne parité.
Son Traité de la monnaie (1930) et sa Théorie générale de l’emploi de l’intérêt et de la monnaie
(1936) sont de grandes oeuvres qui ont bouleversé la pensée économique mondiale.
C’est surtout au cours de la grande crise des années 30 que sa doctrine a mûri.
Il montre que le sous-emploi peut résulter, non comme le disaient les classiques, d’une insuffisante élasticité des salaires à la baisse, mais d’une épargne excessive qui ne s’investit pas, de taux d’intérêt trop élevés.
S’opposant aux classiques qui voyaient dans l’activité de l’entreprise privée la source de toute prospérité, donc réservait peu de rôle économique à l’Etat, Keynes apprit aux économistes à penser à l’échelle nationale par quantité globales, ouvrant la voie aux études de comptabilité nationale. Il incita les Etats à mener une politique active en vue du plein emploi, quitte à user le cas échéant du protectionnisme, du déficit budgétaire, de grands travaux, de larges investissements publics, d’une redistribution des revenus et dépensent davantage, d’une politique de crédit généreuse conduisant à la baisse des taux d’intérêts.
Pour lui, le culte de l’or était un reste de la barbarie. Ses recherches ouvraient la voie à l’économie mathématique. Elles justifiaient une intervention multiforme des pouvoirs publics. Elles donnaient des facilités financières tentantes et dangereuses aux hommes politiques pour lesquels l’équilibre des budgets n’était plus un dogme.
Ces théories nouvelles cadraient bien avec le scandale de la crise, avec ce qu’on avait dû faire pour en sortir. L’opinion tenait les hommes politiques pour responsables. On ne peut être responsable si l’on n’a pas le moyen d’agir.
La crise laissait en héritage tout un arsenal de mesures protectionnistes. Elles limitaient à la fois le commerce et les paiements. Les monnaies se repliaient sur elles-mêmes. L’étalon or était loin.
Cette attitude défensive, donc agressive, des différents pays conduit à un renouveau de la course aux armements, en Allemagne et au Japon d’abord, puis à l’échelle mondiale. Une monnaie inadaptée est un facteur de guerre.
Enfin, le temps où l’on estimait que les Etats ne peuvent mieux faire que de laisser les entreprises privées agir à leur guise et de ne s’en mêler que le moins possible est révolu. Les gouvernements ont été tenus pour responsables du marasme économique. Ils ont été amenés à intervenir de plus en plus énergiquement, à étendre leurs pouvoirs. La doctrine de Keynes les incite à agir. Mais le système mondial des échanges est disloqué.
Extrait de L’or et les monnaies : histoire d’une crise (Editions Gallimard / NRF) par Jean Lecerf
Et oui ! Mais dans ce cas, comment donner du crédit à une personne qui prenait l’or pour une relique barbare… Sur ce point aussi il avait certainement tort.
Désolé pour M. Keynes, mais une très grande partie des dogmes qu’il avait avancés, se sont avérées être des causes de fiascos effrayants.