A un cran du défaut – Fitch ayant pourtant relevé la note du pays – la Grèce va pouvoir effacer une partie de sa dette et vient encore de bénéficier d’un plan d’aide de 40 milliards d’euros, échappant ainsi à la faillite. Ouf, la Grèce est enfin sauvée, la zone euro aussi, vous n’avez plus rien à faire de votre or ! Ironie mise à part, nous vous expliquons pourquoi le pire est à venir, et pas que du côté de la Grèce…
Eole souffle un vent d’optimisme en mer Egée
Vendredi dernier, 83,5% des créanciers ont accepté l’échange d’obligations souveraines qui devrait permettre l’effacement de près de la moitié de la dette grecque (ce qui la ramène à 107 milliards d’euros). Cette restructuration de la dette est salvatrice pour le pays qui était au bord de la faillite.
En outre, la zone Euro vient d’autoriser le pays à bénéficier de près de 40 milliards d’euros de son second plan de sauvetage (qui s’élève en tout à 130 milliards d’euros). Cette nouvelle injection de liquidités tombe à point nommé au moment où la dette a été divisée de moitié. De part et d’autres de l’Eurozone, on se félicite, les séances positives s’enchaînent à la bourse de Paris, le CAC40 caracole autour des 3.585 points… Tout va bien dans le meilleur des mondes, sauf que…
On n’éteint pas l’incendie de la dette avec de la monnaie papier
L’image est assez explicite. On prête à la Grèce de quoi se rembourser et en procédant ainsi, on entretient la crise systémique dans laquelle la zone Euro se trouve actuellement, on ne résout aucun problème de chômage, de productivité, on ne relance pas la croissance économique avec un simple « bourrage papier ».
L’excellent dossier de notre confrère Olivier Berruyer sur le « Bilan final du plan d’aide à la Grèce » montre clairement que le ratio dette/PIB est énorme (de l’ordre de 164%) et qu’il mettra des années à diminuer. Selon les experts, « le niveau d’endettement de la Grèce ne serait pas « viable » avant 2030 ». Ce qui se traduit par un niveau d’endettement inférieur à 100% dans une vingtaine d’années…
Mais le pire est à venir…
Une marge par rapport aux discours optimismes pré-présidentielles qu’on entend çà et là. Nous sommes loin des « le tournant dans la crise est atteint (…) Nous allons vers une mer plus calme » du nouveau président de la zone euro Herman Van Rompuy et autre « la page de la crise financière est en train de se tourner » du président Sarkozy. Plus prudent, le Ministre allemand des finances reste sur un « Nous ne sommes pas sortis d’affaires » qui semble plus réaliste. Avec un tel niveau d’endettement, la Grèce pourrait bien avoir besoin d’un autre plan d’aide financier dès 2014.
Avec des poids lourds économiques tels que l’Espagne ou l’Italie qui suivent lentement mais inexorablement le chemin de la Grèce, point d’interventionnisme possible. Les plans d’aide atteindraient des sommes astronomiques qui se chiffreraient en milliards de milliards d’euros et ne serviraient qu’à rembourser à court terme une dette vouée à s’amplifier (puisque nous sommes dans un système qui fabrique de la dette).
En attendant, l’état grec paie très cher ces plans d’aide, à grands coups de mesures d’austérité. Il n’est pas impossible que le pays, qui se remet à peine d’un régime totalitaire y revienne pour pouvoir appliquer ses mesures coercitives (pour aider les banques, cela va de soi). Car le spectre d’une guerre civile est en train de germer.
Qui sortira vainqueur de cette période de marasme économique au niveau de la zone euro ? Pas même les banques dont beaucoup vont connaître leur dernières heures de gloire et de goinfrerie dans les prochaines années, mais les épargnants qui auront mis de côté quelques économies dans l’or, le seul actif tangible qui aura de la valeur. Il ne reste qu’à espérer que la Grèce ne va pas sacrifier ses réserves d’or contre des liquidités en euros.