La dette de l’Espagne a atteint ces derniers jours un niveau historique, près de 735 milliards d’euros. Elle est passée en seulement trois mois de 66% à 68,5% du PIB espagnol. Un seul chiffre pour mettre en perspective cette information et se rendre compte de l’ampleur de la crise espagnole : le Pacte de stabilité européen fixe la limite de la dette des pays de la zone euro à 60% de leur PIB. La Grèce est passée tout près de la faillite, l’Espagne, sous le joug de ses créanciers et de la crise, échappera-t-elle aussi à la faillite ?
L’inflation de la dette espagnole a débuté en 2008, où elle atteignait à l’époque 35,8% du PIB. Un chiffre qui nous semble aujourd’hui bien dérisoire. Depuis, les conséquences de la dette se sont fait durement ressentir pour les entreprises et les particuliers espagnols. Qui n’a pas en tête ces villes fantômes, construites sur le pari d’un avenir radieux, mises en pièce aux premiers coups de Trafalgar : la crise des subprimes, faillites des banques. Les chiffres du chômage en Espagne sont tout aussi éloquents : le nombre des chômeurs a dépassé la barre des 5 millions à la fin de l’année 2011, soit 22,85% de la population active. En 2012, le taux de chômage devrait atteindre 24,3%.
La dette espagnole, sans commune mesure avec celle de la Grèce
Si les créanciers de la Grèce ont accepté de tirer un trait sur la dette de la Grèce (Lire La Grèce efface sa dette comme par magie !), le scénario qui a empêché la Grèce de faire faillite ne pourra probablement pas être rejoué en Espagne pour une raison simple : l’économie espagnole a des proportions bien supérieures à l’économie grecque. Les chiffres de la dette n’ont rien de comparables : la Grèce avait accumulé une dette de 350 milliards d’euros fin 2011, l’Espagne 735 milliards d’euros…
Le plan de sauvetage total accordé par la zone euro pour la Grèce s’élève quant à lui à environ 237 milliards d’euros. Si l’Europe a consenti à cette aide, pas sûr qu’elle ait suffisamment de fonds pour aider un second pays de la zone euro, à un si faible intervalle et avec de telles proportions. Ajoutons à cela que les plans de relance, s’ils donnent un coup de pouce sur le moment, n’est pas la solution pour relever durablement un pays de la crise. Injecter de l’argent dans les caisses d’un Etat n’a jamais ni relancé la croissance ni créé d’emploi à long terme, l’efficacité n’est que ponctuelle.
Quelle solution pour l’Espagne ?
André-Jacques Holbecq et le Cercle des Economistes Citoyens, dans l’ouvrage intitulé Argent, dettes et banques, envisagent une issue pour les pays en proie aux tourments de la dette : « nous pourrions avoir une décision de la BCE de financer à 1%, voire à 0%, la partie du déficit qui est directement lié à la crise et qui porte sur les efforts d’investissement que font les Etats. »
Il s’agirait donc de limiter les intérêts de la dette, considérés comme responsables de l’endettement grandissant des états, de leur difficulté à rembourser et de l’enrichissement des créanciers, qui ne créent pas de croissance et d’emploi en retour.
Cette solution, si séduisante soit-elle, ne sera pas de sitôt adoptée. A cause du risque d’inflation, l’Allemagne est très réticente à l’idée que la BCE prête aux gouvernements à des intérêts moindres. Bref, l’étau se resserre sur l’Europe et les pays les plus fragiles de la zone euro, sans qu’une solution durable ne soit arrêtée.