Les CDS kézako ? CDS est l’acronyme de Credit Default Swap, en France on parle de « couvertures de défaillance » ou « dérivés sur événement de crédit » ou encore de « permutations de l’impayé ». Bref de bien jolis noms mais qui désignent quoi au juste ?
Avant d’entrer dans le vif du sujet il peut être utile de rapidement rappeler l’origine des CDS. Les Credit Default Swap sont nés de l’esprit machiavélique de Blythe Masters, banquière de la JP Morgan, en 1994. Pour la petite histoire, le journal britannique The Guardian a qualifié Mme Masters comme « La femme qui a inventé les armes financières de destruction massive », rien que ça ! Et pour cause : l’invention de la dame est en grande partie responsable de la crise que traverse l’économie mondiale depuis 2008.
La « logique » des CDS
Pour faire simple les CDS sont des contrats d’assurance. Plus précisément des contrats de protection financière entre acheteurs et vendeurs et communément ils désignent une assurance contre la faillite d’un état. Dans les faits on retrouve deux types de « contrats » :
- Les positions de couvertures sur CDS
- Les positions à nues sur CDS
Explication :
Les positions de couvertures sur Credit Default Swap sont pour ainsi dire les « contrats classiques », ils sont légitimes et devraient même être la seule forme de contrat à exister. Si on considère l’échelle des Etats (car c’est ce qui nous intéresse ici) :
C’est le moyen pour un Etat qui prête de l’argent à un autre Etat de s’assurer au cas où cet autre Etat ne puisse lui rembourser l’argent prêté (s’il est en situation de défaut de paiement et qu’il fait faillite par exemple). Jusqu’ici rien d’anormal. Donc concrètement si on schématise :
A fait un prêt à B et contracte une assurance (le fameux CDS) à C au cas où B ne pourrait pas le rembourser. A verse une prime à C (subjectivement déterminée par le marché en fonction du risque encouru). Si B ne rembourse pas totalement A, C (« l’assureur ») verse à A («l’assuré ») l’argent que B n’a pas pu lui rembourser (la différence tout simplement).
Une assurance classique en fait, oui… MAIS.
Mais là où les CDS sont plus vicieux et pervers qu’une simple assurance c’est que l’assuré n’est pas obligé de détenir l’actif à assurer !
Ainsi un 4e élément D peut venir « s’assurer » sur le non remboursement par B à A : Il n’y a pas obligation à détenir l’actif à assurer pour l’assurer (un Etat peut donc prendre une assurance sur la faillite de la Grèce même s’il n’est pas détenteur de dette grecque !)
En fait, ce n’est plus une assurance, mais un pari et si B ne parvient pas à rembourser A : jackpot pour D qui touche son assurance sans avoir encouru de risque si ce n’est le paiement de la prime de l’assurance!
Et plus il y a d’éléments qui s’assurent sur le risque de défaut de B vers A, plus le marché estime que le risque de perte est élevé et donc plus les prix de la prime montent. Du coup :
- Si B redemande un prêt, comme il est considéré comme emprunteur à risque (vu que sa prime est élevée), on lui impose des intérêts d’emprunt très forts.
- B rencontre encore plus de difficultés à rembourser : le cercle vicieux dans toute sa splendeur.
Un CDS peut en cacher un autre
La blague ne s’arrête pas là puisqu’en fait ce marché des CDS n’est absolument pas contrôlé et il est totalement impossible de savoir si les « assureurs » qui vendent des CDS peuvent fournir la « prestation » en cas de « sinistre ». C’est une promesse, un engagement qui ne repose sur rien ! Du coup, on vous le donne dans le mille : si «l’assureur » prend peur de ne pas pouvoir régler ses « assurés » en voyant le risque de faillite et défaut de paiement augmenté, que fait-il ?
Et bien il achète des CDS tout simplement. C’est-à-dire qu’il couvre ses propres pertes en s’assurant auprès d’un autre. « L’assureur » devient « assuré » en « s’assurant » contre le même risque pour lequel il a « assuré » son « assuré » initial. Tout le monde il est content.
La bonne nouvelle c’est qu’il n’aura fallu qu’une crise grecque et espagnole pour que les députés européens agissent enfin et votent une loi afin d’interdire l’achat et la vente de position nues sur les CDS. La loi entrera en novembre 2012… d’ici là l’euro sera-t-il encore là ?