Jeudi 28 et vendredi 29 juin se tient le sommet de Bruxelles entre tous les pays de la zone euro. Une rencontre dĂ©cisive, cruciale, entre les chefs dâEtats de lâUnion EuropĂ©enne, qui fait dĂ©jĂ lâobjet « dâintenses tractations ». Si aucun accord commun nâest trouvĂ© pour sauver lâeuro et lâĂ©conomie europĂ©enne du marasme, prĂ©parez vos mouchoirs et ne vendez surtout pas votre or, il pourrait bien vous servir dans les mois et les annĂ©es Ă venir.
Une monnaie commune mais « chacun pour soi »
Dominique Seux, rĂ©dacteur en chef des Echos, rĂ©sume bien les espoirs déçus de la monnaie unique : « Il portait l’espĂ©rance qu’une monnaie unique jouerait comme une force centripĂšte faisant converger les Ă©conomies entre elles, et qu’elle serait le ferment d’une union politique. HĂ©las, l’euro a agi comme une force centrifuge, les pays faibles profitant d’un crĂ©dit Ă bon marchĂ©, les pays forts de dĂ©bouchĂ©s commerciaux plus accessibles. S’il y a une leçon Ă retenir de la crise, c’est qu’il n’est plus possible de tricher, en d’autres termes d’acheter les avantages de l’euro sans en payer le prix. Et le prix est connu : accepter de partager des souverainetĂ©s avec nos voisins en matiĂšre de fiscalitĂ©, de dĂ©penses collectives, de surveillance des banques, etc. »
FĂ©dĂ©ralisme, union monĂ©taireâŠ
Toutes ces solutions ne devraient pas apparaĂźtre en tant que solutions mais en tant que pierres de lâĂ©difice europĂ©en. Sans un euro politique et un accord entre les ministres des finances de chaque pays, point dâeuro Ă©conomique fort. On planche sur une vĂ©ritable « union budgĂ©taire », mais on voit bien venir lâĂ©chec dâune Ă©niĂšme proposition de rĂ©forme structurelle.
Si aucune solution nâest trouvĂ©e pour repenser les bases du projet europĂ©en, Ă force de repousser lâinĂ©vitable chute de lâempire euro, faute dâaccord avec la locomotive allemande, finie la libre circulation des personnes et des marchandises au sein de la zone euro, les frontiĂšres vont se reformer et chaque pays va finir par se replier sur lui-mĂȘme, sur ses propres solutions, sur ses nationalismes.
Lâeuro nâest pas quâune monnaie dâĂ©goĂŻstes. Le problĂšme du fĂ©dĂ©ralisme prĂŽnĂ© par lâAllemagne signifie perte dâautonomie et de souverainetĂ© des Etats au profit de lâUnion. Mais nâest-ce dĂ©jĂ pas le cas ? Est-ce vraiment M. Hollande qui gouverne la France ?
De plus en plus de pays qui boivent la tasse
Chypre est le 5e pays Ă demander de lâaide Ă lâUnion EuropĂ©enne et malgrĂ© celle qui lui a Ă©tĂ© allouĂ©e, lâEspagne est loin, trĂšs loin dâĂȘtre sortie dâaffaire. En fait, le rendez-vous semestriel europĂ©en ne va faire quâaccĂ©lĂ©rer lâeffondrement monĂ©taire et le chaos qui va sâen suivre. Pour lâinstant, la balle est dans le camp des marchĂ©s qui parient cyniquement sur lâeffondrement Ă©conomique de la zone, la France Ă©tant la derniĂšre cible Ă peine voilĂ©e. Peu importe les thĂ©ories complotistes sur un Ă©ventuel racket organisĂ© de la zone, les rĂ©sultats sont lĂ , lâĂ©tau se resserre : le SMIC va ĂȘtre augmentĂ© de 27⏠mais les salaires moyens ont baissĂ©, les retraits en liquide commencent Ă ĂȘtre limitĂ©sâŠ
Ce ne sont pas avec quelques fonds de sauvetage des banques en difficultĂ© que lâon va sortir les pays de la crise. Ces pansements sur des jambes de bois ne sont que des solutions Ă court terme dont on connait trop lâinefficace revers.
Bref, en attendant des solutions drastiques de nos chefs dâEtat ou un long pĂ©nible Ă©tiolement de la situation, le rĂ©veil ne peut venir que de nous, Ă titre individuel. La solidaritĂ© va certainement devoir sâorganiser et passera sans doute plus dâun individu Ă un autre que dâun pays Ă lâautre.
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