Queue-de-pie, chapeau haut-de-forme, une allure de croque-mort : ces derniers temps, dans les rues de Madrid, il n’est pas rare de croiser un « Cobrador del Frac ». Comprenez : un « encaisseur en redingote ». Leur rôle est de se rendre chez les mauvais payeurs, avec cet uniforme bien reconnaissable, afin de provoquer la honte du débiteur et l’inciter à régler ses dettes.
« L’uniforme, c’est en quelque sorte pour faire de la mauvaise publicité à celui qui doit de l’argent. Et pour susciter sa peur. »
Et en France ?
Confrontées à la fois aux problèmes de liquidités des entreprises et aux difficultés pour les particuliers de rembourser leurs dettes, les sociétés de recouvrement de créances font figure en France de « baromètre » de la crise et de ses conséquences sur l’économie réelle.
« De par notre activité qui consiste principalement à obtenir des débiteurs qu’ils paient leurs dettes, nous sommes des baromètres de la crise », estime Alexandre Gonzva, président de l’Association nationale des cabinets de recouvrement (ANCR).
S’agissant des particuliers, les 300 à 500 sociétés du secteur constatent « une hausse croissante du nombre de débiteurs qui ont du mal à régler leurs factures », affirme Jean-Charles Ortega, directeur commercial de la société Actorec.
Exemple, chez Intrum Justitia, leader du marché. La directrice générale adjointe, Anne Williart, indique :
« Nous constatons une hausse de 40% de notre activité au premier semestre 2008, et encore une hausse de 10% ce mois-ci. »
Le volume d’activité n’est pas le seul indice de la bonne santé du secteur. Il faut aussi prendre en compte la fraîcheur de la date d’échéance de la créance. Explication : les entreprises cherchent à obtenir leur paiement de plus en plus rapidement : elles attendent de moins en moins avant de contacter une société spécialisée dans la chasse aux mauvais payeurs. Chez sefairepayer.com, la date d’échéance était en moyenne révolue depuis 88 jours en juin, aujourd’hui elle est d’environ 65 jours.