Cette année 2020 a été inédite à bien des égards. Une pandémie mondiale, une crise sanitaire sans égale, le confinement et beaucoup d’inquiétudes de la part des investisseurs. La COVID-19 a également eu des effets directs sur l’or : le métal précieux a montré son rôle de valeur refuge dans un monde en crise, et son cours a aussi battu des records. Avant de vous proposer très bientôt un coup d’œil sur les perspectives 2021, je vous propose un retour sur les temps forts de 2020.
Premier trimestre 2020 : tensions géopolitiques, et premiers effets de la COVID-19
En janvier 2020, on parle surtout de tensions entre les Etats-Unis et l’Iran, puis entre les Etats-Unis et la Chine. Mais les premières craintes liées à la COVID-19 ont aussi un effet. Le 27 janvier, le cours de l’or bat un record à 1438 euros l’once. La résistance historique des 1414 l’once est balayée. Le monde va bien mal en ce début d’année, et cela se voit sur le cours de l’or. Les marqueurs d’influence sont bien présents : les guerres commerciales, les tensions au Moyen Orient, et cette crise sanitaire dont on ne perçoit pas encore les effets et les origines. En février, la région de Wuhan est en quarantaine, le Nouvel An chinois est très perturbé. On connaît pourtant l’impact de ces festivités sur le marché de l’or de détail et de bijouterie.
Début mars, le cours de l’or connaît une correction brutale : il perd 8,5% en 5 jours, et cette baisse soudaine est bien visible quand on observe les tendances sur le début de l’année. Entre début mars et mi-mars, le cours de l’or passe d’un plus haut à 1550 euros l’once, à un plus bas le 16 mars à 1337 euros. Soit une baisse de 15%, ce qui est une véritable anomalie : en règle générale, lorsque les indices boursiers montent, le cours de l’or baisse, et vice-versa. Or dans le même temps, les bourses mondiales sont en baisse. Cette anomalie est provoquée par les ventes massives des investisseurs, en or « papier », c’est-à-dire des ventes d’ETF. Il faut aussi se souvenir de ce qui se passe mi-mars : c’est le début du confinement en France, et certains pays y sont déjà. Les industries sont figées, le marché de la vente et l’achat d’or physique aux particuliers est sous tension. En Chine comme en Inde, la demande en or est en chute libre en raison de l’arrêt des fêtes.
Entre avril et août, l’or remplit son rôle de valeur refuge et cela se voit
Dès que les marchés boursiers se sont stabilisés, le cours de l’or est reparti à la hausse. C’est cette tendance que l’on observe au début du deuxième trimestre, et qui se poursuit jusqu’en août. La demande en or physique en Inde et en Chine est certes en baisse, mais elle est compensée par les volumes de couverture des ETF or. Ainsi, en mai 2020 par exemple, alors que les Etats-Unis sont en plein cœur de la tempête sanitaire COVID-19, les ETF américains font l’acquisition de près de 140 tonnes d’or. C’est un effet couverture or physique adossé aux ETF, dans une logique de garantie par rapport aux risques sanitaires. J’en reparle d’ailleurs au début de cette vidéo.
C’est une période où le cours de l’or bat plusieurs records. Le 15 avril, le cours de l’or bat un nouveau record à 1589 euros l’once. En dollars, c’est un « record » vieux de 7 ans qui tombe : le métal précieux passe les 1748 dollars l’once, un niveau qui n’avait pas été atteint depuis novembre 2012. Et s’il marque le pas début juin, le cours du métal précieux repart à la hausse en juillet, et s’échange à 1650 euros l’once le 27 juillet. C’est un nouveau record à 1935 dollars, une résistance historique qui n’avait pas été atteinte depuis 2011.
Enfin le 7 août 2020, l’once d’or touche un plus haut à 2089 dollars. Le métal précieux atteint 1741 euros, avant de refluer dans les semaines qui suivent. Même si elle est tout à fait atypique, la crise sanitaire COVID-19 ne fait pas exception : l’or remplit son rôle de valeur refuge en période de crise. Entre janvier 2020 et août 2020, le cours de l’or a ainsi grimpé de près de 30 %.
Une fin d’année 2020 plus confiante ?
Le cours de l’or est dans une phase de consolidation, logique après cette période. Il se trouve aussi qu’avec les annonces des dernières semaines sur l’arrivée des vaccins puis des premières campagnes de vaccination, les investisseurs reprennent un peu plus de confiance. L’Europe fait face à une deuxième vague majeure, et encore plus en cette fin d’année, mais ce n’est pas le cas partout dans le monde comme au printemps 2020. Mais si les vaccins peuvent éloigner les risques liés à la crise sanitaire, il faut s’attendre à une reprise économique plutôt lente. L’OCDE a d’ailleurs revu ses prévisions de croissance pour 2021, avec un scénario de récession économique en cas de troisième vague. Enfin, les investisseurs ont aussi les yeux tournés vers les Etats-Unis : le pays est au bord d’une grave crise, en attente d’une confirmation du plan de relance tout en continuant à faire tourner la planche à billets. Or, il y a bien des facteurs qui peuvent influer le cours de l’or, et l’évolution du cours du dollar en fait partie.