Cette fin du mois d’août 2019 sera une référence pour les investisseurs en métaux précieux. Le cours de l’or a dépassé les records de 2012 ! La résistance des 1387 euros l’once, a été cassée. Tentative d’explication sur un phénomène peu ordinaire !
Il y a un an jour pour jour, nous disions ici même notre incompréhension devant un cours de l’or totalement “flat”. On était plus proche des 1000 dollars l’once que des 1500 comme aujourd’hui. C’est le 28 septembre 2018 qu’on touchera le fond de la piscine pour paraphraser Jacques Chirac, c’est à ce moment qu’il n’y avait plus qu’une seule solution, remonter. Une “dépression” sur le métal jaune qui rendait perplexe certains experts. Ils avaient du mal à comprendre ce “désintérêt”. Le seul élément contraire à cette situation, l’achat par plusieurs banques centrales de tonnes d’or. Des Etats profitaient de ces “soldes” pour reconstituer leurs stocks : la Chine, la Russie, la Pologne mais aussi la Turquie.
En 2018, le cours de l’or au plus bas parce que la bourse est au plus haut !
C’est impressionnant. Pendant que l’or stagne, on remarque qu’en été 2018, le Dow Jones mais aussi le NASDAQ sont au plus haut. Le Dow touchera d’ailleurs un sommet à 26 800 points. Mais comme en Bourse, les cours ne montent pas jusqu’au ciel, le 3 octobre, le Dow chute puis s’effondre pendant tout le mois de décembre. Le pire mois de décembre depuis carrément la création des indices.
De manière complètement opposé, c’est à ce moment là que le cours de l’or repart à la hausse. Il ne s’est quasiment pas arrêté depuis. Donc il serait facile de conclure que les cours de l’or et des actions sont complémentaires. Quand l’un monte, l’autre baisse et inversement. Trop simple.
En 2019, or et actions remontent…de concert.
Illustration des propos ci-dessous, de janvier à août 2019, les cours des actions et de l’or remontent très fortement. En 7 mois, le cours de l’or prend 30% pour atteindre et casser plusieurs fois la résistance de 2012. L’indice Dow Jones atteindra un nouveau record avec 27 000 points lui aussi. On notera d’ailleurs que de nombreux dirigeants d’entreprises américaines ont décidé de vendre une partie de leurs actions à un tel niveau de valorisation. Ils semblent jouer la prudence en “sécurisant” une partie de leurs avoirs au cas où les cours venaient à rechuter. Les cours ne montent pas jusqu’au ciel on vous dit !
Pourquoi l’or, maintenant ?
Une raison avant tout financière. En effet, les banques centrales poursuivent leurs stratégies de taux bas, très bas. Résultat, les emprunts obligataires sont faiblement rémunérateurs. Voire, on a connu plusieurs situations de taux négatifs. Et donc la première conséquence de cette situation c’est que les investisseurs “paient” pour ces placements sans risque. L’or, qui a pour caractéristique culturelle d’être une valeur refuge, n’a pas de rendement interne. Il ne produit pas de dividendes ou d’intérêts. Mais il peut connaître une augmentation de sa valeur réelle, en raison de son poids en or mais aussi pour les pièces d’or, de la prime. La prime qui augmente quand la demande est forte et l’offre rare. Prenons l’exemple d’un Napoléon, la pièce d’or française. Acquise en août 2018 à 200 euros, elle pourrait être revendue aujourd’hui environ 260 euros, soit 30% d’augmentation ou un gain de 60 euros. Il s’agit bien sûr d’une estimation théorique pour illustrer le propos.
Des craintes économiques
Les taux bas maintenus notamment par la FED, ce n’est pas un très bon signal. En effet, cela peut laisser penser que le patron de la finance américaine a des craintes sur la capacité de l’économie américaine à poursuivre sur ce rythme. On est dans une situation étonnante où la plupart des pays développés sont en situation de plein emploi (à part la France) et on a l’impression que tout le monde estime que cela ne peut pas durer. Des experts commencent à expliquer qu’en cas de nouvelle crise, il faudrait que les banques centrales distribuent directement aux particuliers et aux entreprises les sommes qu’elles injecteraient pour en sortir. Autrement dit pas comme en 2008 où ce sont les banques qui ont bénéficié des milliards de dollars créés pour éviter la crise de liquidités.On ne reviendra pas sur la bulle des emprunts étudiants mais aussi des voitures pour les chauffeurs VTC.
Et toujours des tensions internationales
Aujourd’hui, les investisseurs américains mais aussi une grande partie du patronat demandent (pour certains par courrier) à Donald Trump de mettre fin à la guerre commerciale avec la Chine. Cela risque de déstabiliser l’économie mondiale.
Côté Brexit, on peut donc maintenant s’attendre à nouveau feuilleton rocambolesque de l’autre côté de la Manche. Avec une mise en congés forcée du Parlement par le nouveau Premier Ministre, pour mieux faire passer le Brexit sans Accord, on peut imaginer la qualité des échanges et du débat entre politiques britanniques dans les prochaines semaines.
Enfin n’oublions pas l’Italie, dont nous parlons souvent ici. La dette de la Botte est colossale. C’est tout de même la 4ème économie d’Europe. Il sera bien difficile de la renflouer si malheureusement, notre voisin venait à défaillir.