La loi de l’offre et de la demande est simple sur le papier : lorsque la seconde est supérieure à la première, les prix ont tendance à grimper et inversement. Dans la réalité, d’autres facteurs s’ajoutent à l’équation pour expliquer les variations des prix. L’or n’échappe pas à cette règle : la production minière, qui constitue une grande partie de l’offre, influence le prix du métal jaune à la hausse comme à la baisse… mais elle n’est pas la seule. Illustration avec une étude de CME Group parue en mars 2021.
Rappel : qu’est-ce que l’offre d’or ?
L’offre d’or est majoritairement constituée de la production minière (offre primaire). La Chine, l’Australie, la Russie, et les États-Unis font partie des premiers pays producteurs de métal jaune. L’offre d’or comprend aussi une offre secondaire, issue du recyclage de bijoux ou d’or dentaire. De son côté, la demande est composée de la bijouterie/joaillerie, des investissements (les pièces, lingots et ETFs), des achats des banques centrales et enfin des usages techniques (électronique ou dentisterie par exemple).
Production minière et prix de l’or : une relation historique
Il suffit de revenir quelques décennies en arrière pour comparer l’évolution de la production minière d’or et celle des prix du métal jaune, qui ressemblent à un parcours de montagnes russes.
- Dans les années 1970, l’offre d’or stagnait ou diminuait tandis que les prix flambaient.
- Inversion de la tendance entre 1980 et 1998, avec une lourde chute à l’arrière du peloton pour le cours de l’or (passé de 835 dollars à 280 dollars l’once en 18 ans) et une remontée en flèche pour la production aurifère.
- Rebelotte un peu plus tard : le prix de l’or prend 650 % entre 1999 et 2011 alors que sa production part en chute libre. À cette même période, l’argent sert de contre-exemple. Malgré une production en hausse qui aurait dû conduire à une baisse du cours, le prix de l’argent augmente encore plus fort que celui de l’or.
Les variations de l’offre n’expliquent pas à elles seules l’évolution du prix de l’or
Dans son étude, CME Group constate que d’autres événements que l’offre sont entrés en jeu lors de ces périodes, avec au moins autant d’impact. Dans les années 1970, le régime de taux de change fixes de Bretton Woods venait de s’effondrer. Lors des deux décennies suivantes, la baisse du cours de l’or a, entre autres, été causée par une hausse des taux d’intérêts. Le même phénomène aurait dû se produire entre 2017 et 2018, lorsque les taux d’intérêt ont de nouveau augmenté sur décision de la Réserve Fédérale des États-Unis. Et en fait non : le prix du métal jaune a plutôt monté. Dans le même temps, la production minière avait recommencé à diminuer. D’après l’analyse de CME Group, cela voudrait dire que, à ce moment-là, l’impact de l’offre sur le cours de l’or a été plus fort que celui de la politique monétaire américaine.
Plus près de nous encore, on constate que l’offre d’or a chuté en 2020 à cause de la crise sanitaire COVID-19 et de la fermeture de certaines mines. La demande d’or physique a elle aussi baissé en raison de l’arrêt des fêtes en Chine et en Inde. Mais le cours de l’or atteignait des records au même moment : le contexte de crise a été le plus fort, et le métal jaune remplissait alors parfaitement son rôle de valeur refuge pour les investisseurs.
À retenir : le cours de l’or est influencé par de multiples facteurs tels que : l’offre et la demande, le contexte géopolitique mondial, le dollar et le niveau des taux d’intérêts.