Selon certaines sources liées au secteur financier, les régulateurs américains enquêtent en ce moment sur d’éventuelles manipulations de prix du marché de l’or le plus important au monde.
Le Commodity Futures Trading Commission (CFTC – Commission de contrôle et de régulation des marchés à terme américains) examine de très près la méthode de fixation des prix à Londres. Ces derniers sont décidés par quelques banques qui se rencontrent deux fois par jour afin de fixer le prix ‘spot’ de l’once troy de l’or physique, selon certaines sources.
Le CFTC se penche sur la transparence des faits notamment sur la fixation des prix tant pour le marché de l’or que pour celui de l’argent, même si ce dernier est moins important. Aucune enquête officielle n’a été ouverte selon les sources.
Cette étude a lieu au moment où les organismes de régulation reconsidèrent à plus grande échelle les critères de références financières à la suite d’un scandale lié à la manipulation du taux d’intérêt. Trois grandes banques ont accepté de payer des pénalités d’un montant total de 2.5 milliards de dollars américains suite à la manipulation présumée du taux interbancaire pratiqué à Londres ou Libor et où plus d’une douzaine de sociétés financières font encore l’objet d’une enquête.
Le prix de l’or au quotidien est fixé par un groupe de banques et joue un rôle important sur les prix du secteur de la joaillerie. Il détermine les gains qu’obtiennent les compagnies minières en vendant leurs matières premières aux raffineries.
Cela permet de déterminer la valeur des produits dérivés dont les prix sont liés aux métaux. Les banques commerciales américaines disposaient de quelques 198 milliards de dollars en contrats liés aux métaux précieux au cours du mois de Septembre 2012, selon les sources du Bureau du Contrôle de la Monnaie (Office of the Comptroller of the Currency).
La décision du CFTC est inquiétante. L’agence dirigée depuis 2009 par Gary Gensler, un ancien cadre dirigeant de Goldman Sachs Group Inc, a joué un rôle déterminant au niveau mondial dans l’enquête des taux d’intérêt.
M. Gensler a appelé à ce que le Libor et d’autres critères de référence fassent l’objet de nouvelles réformes qui obligeraient ces derniers à être fondés sur des transactions réelles plutôt que des estimations soumises par des compagnies industrielles. M. Gensler est co-président d’un groupe de travail d’orgamismes internationaux de réglementation en charge d’examiner ces critères et prévoit de publier une nouvelle série de directives au printemps prochain.
“Le fait de penser qu’une manipulation généralisée ou tentative de manipulation (des taux d’intérêt) puisse se répandre nous amène à nous poser des interrogations sur la véracité de d’autres points déterminants” a déclaré Bart Chilton, Commissaire au CFTC lors d’une table ronde le 26 février dernier à Washington sur les repères financiers. “Qu’en est-il de l’énergie, des swaps, du fixing de l’or et de l’argent à Londres et toute la litanie des ‘bors’ se référant au Libor, Euribor et bien d’autres.
Dans le cas Libor, ce sont les traders qui auraient fourni de fausses données à l’organisation de l’industrie, en charge de publier le taux de référence dans l’objectif de créer davantage de rentabilité. La Barclays PLC, Royal Bank of Scotland Group PLC et l’UBS AG ont effectué des règlements suite à des amendes à hauteur de 1,2 milliard de dollars, versés à la CFTC.
Les dirigeants du CFTC ont déclaré que le cas Libor avait attiré toute leur attention. L’agence avait déjà signalé une série de cas entre 2003 et 2005 infligeant des sanctions à des compagnies et prestataires pour avoir essayé de manipuler les prix de gaz naturel en fournissant de fausses informations aux sociétés chargées des classements énergétiques.
Le CFTC avait commencé à enquêter suite à des plaintes reçues d’un certain nombre d’investisseurs au cours de l‘été 2008. Ces derniers s’inquiétaient en effet du déclin soudain du prix de l’argent. Pour cause, ceci ne pouvait résulter que d’une manipulation voire malversation de marché.
Le CFTC n’a jamais confirmé ni infirmé les faits liés à l’enquête.
Un porte-parole de la CFTC n’a pas souhaité s’exprimer sur ce sujet.
Le contrôle des fixations de prix des marchés de l’or et de l’argent est depuis longtemps une source de débat.
Selon Kurt Pfafflin, courtier en métaux précieux chez Daniels Trading à Chicago, il déclarait que ceci a toujours été dans l’esprit de ceux qui s’attardaient sur des thérories conspirationnistes. Il déclare ne pas croire aux manipulations des prix ‘spots’.
Les fixations de prix, qui remontent à 1897 dans le cas de l’argent et 1919 dans le cas de l’or, s’effectuent par le biais de conférences téléphoniques entre banques. Les appels relatifs à l’or ont lieu de 10.30 à 15 h, heure anglaise. Les appels liés à l’argent ont lieu à midi tous les jours.
La fixation du prix de l’or à Londres implique 5 banques : la Barclays, la Deutsche Bank AG, l’HSBC Holdings PLC, la Bank of Nova Scotia et la Société Générale SA. La fixation du prix de l’argent implique la Bank of Nova Scotia, la Deutsche Bank et l’HSBC.
Les porte-paroles de la Barclays, l’HSBC et la Deutsche ont refusé tout commentaire.
Les autres représentants des deux autres banques n’étaient pas joignables.
Les méthodes de fixations de prix sont “plutôt basées en fonction de l’offre et la demande jusqu’à ce qu’un prix soit déterminé. C’est une méthode pleinement transparente. Rien à voir avec le Libor” déclarait un porte-parole du London Bullion Market Association (LBMA), en charge des directives sur la qualité de l’or et de l’argent négociés sur le marché londonien. Il ne gère pas les prix.
Source : Wall Street Journal.