Loin des analyses pertinentes mais parfois obscures qui entourent la corrélation des cours de l’or avec l’état des marchés financiers, une raison évidente et surtout imminente devrait rapidement accélérer la hausse des prix du métal jaune déjà bien amorcée depuis le début de l’année.
En effet, il convient de se rappeler une caractéristique essentielle de l’or, une qualité qui conditionne en grande partie sa valeur : il s’agit d’une ressource naturelle finie. Pour être plus clair, il arrivera un jour où on ne pourra plus extraire d’or tout simplement parce qu’il n’y en aura plus dans le sol. Et ce jour-là, bien qu’encore lointain, se rapproche inéluctablement.
La période faste semble passée…
D’aussi loin que remonte la mémoire humaine, on a trouvé de l’or un peu partout sur la planète, même si les gisements n’étaient pas forcément répartis de manière homogène, au point que dans certaines régions comme en Europe par exemple, les principaux filons se sont taris dès l’Antiquité. Ailleurs, en revanche, du fait d’une découverte tardive, certes, mais aussi et surtout parce que les gisements existants étaient plus importants, on continue encore aujourd’hui d’exploiter des mines d’or. Mais, en dépit des moyens de plus en plus considérables mis en œuvre, voilà des années qu’on ne trouve presque plus de nouveaux gisements. Quant à ceux qui existent, les rendements ne sont plus les mêmes que par le passé, à cause des concentrations de plus en plus faibles dans les minerais. A titre d’exemple, alors qu’au XIXe siècle on considérait que les mines d’or de Californie étaient « pauvres » avec des teneurs inférieures à 40 grammes de métal précieux par tonne de minerai, il est aujourd’hui quasiment impossible de trouver des gisements permettant de récupérer une seule once d’or pour la même quantité de cailloux !
Des gisements plus rares, plus petits, moins riches…
Dans certains pays comme l’Afrique du Sud, qui fut longtemps le premier producteur mondial, l’exploitation des filons est même devenue presque impossible en raison des conditions nécessaires à l’extraction d’un métal de plus en plus rare. Désormais, il faut creuser jusqu’à 4000 mètres de profondeur, dans des conditions terribles et à des coûts astronomiques, pour parvenir finalement à sortir 3 ou 4 malheureux grammes d’or par tonne de minerai.
Évidemment, d’autres régions du monde continuent à extraire de l’or en quantité respectable, à l’instar de la Chine dont la production a récemment dépassé celle de l’Afrique du Sud, mais pour combien de temps encore ? Et à quel prix ? Car il est évident que les futurs gisements seront toujours plus profonds, plus difficile d’accès, plus petits, moins concentrés… en un mot, moins rentables au regard du travail et des ressources qu’il faudra mettre en œuvre pour les exploiter. Les coûts énergétiques augmentent eux-aussi, tandis que les normes internationales en matière d’extraction propre imposent un respect de plus en plus strict de l’environnement.
La messe est dite, le prix de revient de l’once d’or ne pourra plus jamais revenir au niveau des années 2001-2010, surtout qu’il faut généralement attendre plusieurs années entre la découverte d’un gisement et la fonte du premier lingot d’or. Un délai d’ailleurs souvent trop long pour une grande partie des entreprises minières aux trésoreries déjà malmenées.
La production a-t-elle atteint son maximum ?
Alors qu’en 2010 on pensait que la production allait continuer à augmenter durablement, elle a finalement ralenti à peine 2 ans plus tard et, en 2015, les experts ont considéré que l’on avait atteint un pic marquant le début de l’épuisement des réserves aurifères. Si ces conditions devaient perdurer, il est évident que l’or déjà rare va le devenir encore plus et le cours du métal jaune pourrait bien s’envoler en conséquence.
Évidemment, des mécanismes de régulation, pour ne pas dire de manipulation des cours, viendront pendant un certain temps contrer cette tendance haussière. De la même façon, l’or papier (le seul qui s’échange sur les places boursières) devrait jouer encore un moment son rôle de pondérateur, en continuant à être honteusement survendu (le certificat-papier négocié en bourse serait ainsi cinquante ou soixante fois survendu comparé à sa contrepartie physique) pour maintenir des cours planchers et donner l’illusion que la relique barbare ne s’apprécie guère. Or, ces manœuvres ne pourront durer qu’un temps, au risque de ruiner leurs instigateurs (des banques en général, mais certains banquiers centraux sont également soupçonnés de traficoter le cours de l’or pour en détourner le public). Car rapidement, comme ce fut déjà le cas en 2008, la majeure partie de l’or encore en circulation finira acheté par tous ceux qui auront été assez malins pour comprendre que l’or-papier aura juste contribué à rendre son équivalent physique particulièrement attractif à moindre coût.
De moins en moins de métal extrait, de moins en moins d’or en circulation, la pénurie ne pourra plus être masquée, et on pourrait assister à une irrésistible remontée des cours face à laquelle plus personne n’aura les moyens de faire passer du papier pour du métal. Nul ne saurait dire quand le prix de l’once atteindra des niveaux qui rendront l’or inaccessible. Six mois, un an, dix ans… ? Ce qui est sûr, en revanche, c’est que cela arrivera bien trop vite au goût de ceux qui n’auront pas eu la prévoyance de convertir une partie de leur patrimoine, quand ils le pouvaient encore, dans ce qui reste la première valeur refuge de notre civilisation depuis plusieurs milliers d’années.