Le Nouvel An chinois se prépare. Le 19 février 2015 qui va marquer le début d’une nouvelle année. Dans quelques jours donc, autour du Nouvel an chinois mais également de la fête du Têt pour les Vietnamiens, la communauté asiatique va véritablement doper le marché de l’or.
Pourtant, pendant ces derniers mois la Chine n’a pas montré le même appétit pour l’importation d’or que les années précédentes. Les Chinois bouderaient-ils vraiment le métal précieux ? A quelques jours du début de l’année de la Chèvre – animal capricieux s’il en est, on fait le point sur ce que réserve 2015.
2014, année de la baisse de la demande en or en Chine ?
En 2014, la demande en or des particuliers a chuté en Chine. Résultat : une baisse de 25 % dans le volume des importations du métal précieux. Et notamment pour l’or sous forme de lingots, avec « une baisse de 59 % de la demande » selon un article des Echos.fr, et un recul de 49 % pour les pièces.
Ces chiffres sont néanmoins à considérer avec précaution.
D’abord parce le volume des importations réalisées en 2014 est dans tous les cas plus important qu’en 2012 (886 tonnes d’or en 2014 contre 832 tonnes en 2012). En 2013, la Chine avait battu tous les records en important 1176 tonnes d’or. Mais également parce que le volume de ces importations ne prend pas en compte l’ensemble de la demande chinoise en or. Les achats d’or de la Banque centrale chinoise, par exemple, ne sont pas connus.
Plutôt qu’une baisse des volumes d’importation, on pourrait plutôt parler d’un coup d’arrêt dans la course à l’importation. Quels faits pourraient expliquer ce coup d’arrêt ? Sans doute à la fois un ralentissement économique… et une campagne de lutte du gouvernement contre la corruption de ses hauts fonctionnaires. Cette campagne a fortement déconseillé « les achats d’or sous forme de lingots et de pièces », estimait ainsi le World Gold Council en août 2014.
D’après les Echos.fr, « l’or destiné à fabriquer les bijoux – qui représente 75 % de la consommation – est resté plus recherché ». La baisse n’a été que de 7 % entre 2014 et 2013. Il faut croire que la crainte d’une condamnation du gouvernement aura été la plus forte. Après tout, le gouvernement chinois a puni pendant des années la détention d’or, avant de l’encourager !
Pourquoi la Chine aura toujours de l’appétit pour l’or ?
Selon l’astrologie chinoise, 2015 est l’année de la Chèvre de bois. Une année d’inattendus et de coups de théâtre donc, d’autant plus que la chèvre est réputée pour être un animal capricieux, émancipé… et souvent dépensier.
De quoi accompagner au mieux les premières semaines de la nouvelle année chinoise. Il est en effet de tradition de se déplacer dans sa famille et d’offrir des cadeaux en or. C’est ce qui explique la très nette hausse du volume d’importation à l’approche des festivités de la nouvelle année.
Et même sous forme de chaînes en or ou de bijoux, ces cadeaux ont une valeur qui dépasse de beaucoup l’ornement. Le métal précieux sous forme de chaînes en or représente en effet un support d’investissement très répandu pour les couples qui s’installent, ou un cadeau placement pour des proches pendant les fêtes du Nouvel an.
Selon un rapport du World Gold Council en avril 2014, la Chine va continuer à prendre de plus en plus de place sur le marché de l’or dans les prochaines années. La consommation de bijoux en or devrait passer à 780 tonnes en 2017. Et selon l’expert pour l’Asie du World Gold Council Albert L. Cheng, la demande en or physique (pièces, lingots, bijoux et or industriel) devrait suivre d’ici 2017 le taux de croissance moyen du pays, soit 6 %.
C’est encore sans compter sur le stock d’or de la Banque centrale chinoise. Premier producteur d’or devant l’Australie, les Etats-Unis et l’Afrique du sud, la Chine… n’exporte pas. Pourquoi ?
Le yuan prend de plus en plus de place dans les échanges internationaux
La gourmandise de la Chine pour l’or a une autre raison : il s’agit pour le gouvernement d’appuyer le yuan à l’or. Ainsi consolidée, la monnaie chinoise a les moyens de s’imposer sur les marchés internationaux. Et les efforts de la Chine en ce sens depuis quelques années sont désormais payants.
En janvier dernier, la société coopérative SWIFT, qui regroupe les plus grandes banques mondiales, donnait d’ailleurs un nouvel éclairage à la place du yuan sur la scène internationale. Selon la société, le yuan a pris la cinquième place au classement des monnaies les plus utilisées pour les échanges internationaux. Ces chiffres avaient été évoqués dans le South China Morning Post du 28 janvier… et sur bien d’autres sites d’information !
Désormais devant le dollar australien et devant le dollar canadien, le renminbi ne représente certes qu’une part encore faible des échanges, notamment en comparaison de la grande part réservée au dollar. Mais en 5 ans, le yuan est ainsi passé de la 15e à la 5e place mondiale. Et la Chine, qui a chargé plusieurs banques à travers le monde de veiller au développement du yuan, ne semble pas vouloir s’arrêter en si bon chemin.
Et, faut-il le redire, la Chine n’a pas besoin de rapatrier son or pour assurer les arrières du yuan. Elle dispose pour cela d’un stock bien assez important… à la maison.
La fin du marché de l’or en Chine, ce ne sera donc pas pour l’année de la Chèvre !