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Yuan et dollars
Yuan et dollars

Dollar, yuan, euro… Laquelle de ces trois monnaies va devenir la monnaie de réserve mondiale dans les 3 prochaines années ? Aucune ? Toutes les trois ? Quelle que soient celle qui l’emporte, elle condamnée à l’avance : tel est le sort des monnaies papier. Quand les décideurs seront-ils assez sages pour revenir au standard –or, sous quelque forme que ce soit ? Nous ne le saurons peut-être qu’au terme d’une 3e guerre économique.

1. De la création des monnaies
•    L’âge d’or de l’or
L’or servait déjà de monnaie au 6e siècle avant notre ère et a été témoin de toutes les époques. De la fin du 18e siècle à 1971, l’or servira même d’étalon, avant d’être évincé par le dollar qui se voulait seule et unique monnaie de réserve mondiale. Plus qu’une matière première, l’or est avant tout une monnaie, une monnaie étant un bien de valeur universellement reconnu. Au fil des temps, les « marchandises-monnaies » ont été peu à peu remplacées par de l’or.
Dans son Guide d’investissement sur le marché de l’or, Yannick Colleu définit trois fonctions de la monnaie : elle est à la fois moyen d’échange et de paiement, unité de compte et réserve de valeur.
« Pendant les siècles passés, l’or et l’argent se sont échangé sur la base de leur poids, certifié par les autorités ayant pouvoir de battre la monnaie ».

•    L’avènement de la monnaie papier
Apparue sous forme de bons émis par les banques privées, la monnaie papier visait à faciliter les échanges commerciaux et limiter la circulation des pièces afin d’éviter les vols. Le développement des banques a permis celui des monnaies papiers et celui du crédit. L’introduction coercitive des billets de banque est en fait la véritable cause de la crise financière.

L’or qui servait à financer les guerres, manquaient cruellement à l’Europe du début du 20e siècle. En légalisant les  billets de banque dès 1909, la France et l’Allemagne ont permis de financer la guerre que les deux pays se sont livrés par le crédit et la monétisation de la dette, autrement dit sous forme de monnaie papier. En forçant les administrés à accepter la dette comme monnaie (papier), les deux puissances guerrières ont ouvert le pas au reste du monde et introduit de ce fait le ver dans la pomme. La façon dont le dollar a petit à petit détrôné l’or pour s’imposer comme monnaie de réserve mondiale est tout aussi sournoise. L’Histoire ne dit jamais très clairement comment les Etats-Unis ont par tous les moyens réussi à imposer la suprématie du billet vert. Mais pour combien de temps ?

•    Comment le dollar a détrôné l’or
Voici comment en 4 étapes, le dollar a indiciblement établi sa souveraineté :
– Jusqu’en 1870, le règlement des échanges commerciaux mondiaux sont basés sur l’or et l’argent.
– Jusqu’en 1931, les monnaies sont convertibles en or, c’est la mise en place du système étalon-or.
– En 1946, les accords de Bretton Woods décident du futur sort du système monétaire et signent le système étalon-change-or : c’est le début de la suprématie du dollar : toutes les devises internationales sont convertibles en dollar (devaient s’aligner dessus) qui est lui-même indexé sur l’or et convertible en or.
– En 1971, le dollar n’est plus convertible en or, la cotation de l’or est libre puis en 1973, les devises s’échanges selon un système de change flottant.

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Le Général de Gaulle dénonce, lors de sa célèbre conférence de 1965, le système de dette que les Etats-Unis sont en train d’instaurer. Sachant que les réserves d’or fédérales étaient en train de s’amenuiser, celui-ci savait que les américains mettraient tôt ou tard fin aux accords de Bretton Woods. En plein mois d’août 1971, Nixon y met fin, en effet, lors d’une simple apparition télévisée. En 1976, les accords de Kingston (Jamaïque) confirment officiellement l’abandon du rôle légal international de l’or.

2. Crépuscule de l’idole de papier vert

C’est un secret de polichinelle : la dette des Etats-Unisest astronomique et a de quoi donner le vertige. Le 15 novembre 2011 le niveau de la dette publique américaine atteignait 15 033,6 milliards de dollars et malgré cela, les agences de notation pensent toujours que l’économie, pourtant fragilisée, des Etats-Unis est tout à fait capable de la rembourser, donc aucune dégradation en vue, quel optimisme ! Comme le général de Gaulle l’avait pressenti, « les déficits, que présentent à leur profit de nombreux états, la balance américaine des paiements, amène les Etats-Unis à s’endetter gratuitement vis-à-vis de l’étranger ».

L'idole de papier vert

La politique hyper-inflationniste des Etats-Unis vise à faciliter les exportations ; or en faisant « tourner la planche à billets », les Etats-Unis dévaluent leur dollar et comme tout ce qui est rare est cher… Depuis 2006 d’ailleurs, impossible de connaître la masse monétaire émise par les Etats-Unis… Il y a donc bien longtemps que la valeur du dollar n’est plus connectée à sa masse émise réelle.

L’inflation à court terme semble fonctionner puisque le pays exporte, mais de plus en plus de pays, la Chine en premier, cherchent à se débarrasser des fameux bons du Trésor américains… pour l’échanger contre de l’or. On revient donc aux valeurs sûres.  Des pays, dont la monnaie officielle était le dollar, monnaie « for all seasons », s’en détournent pour créer leur propre devise, le cachet du dollar ne faisant plus foi. Non, certaines banques centrales ne veulent plus de balances-dollars. Depuis 2008, de nombreux placements en dollars (comme les subprimes) se sont considérablement dégradés, entraînant un manque de confiance dans la monnaie de change internationale suprême.

Pour reprendre un excellent article de Pascal Ordonneau du Cercle des Echos, « le marché du dollar est un lieu de convergence d’une masse considérable de capitaux avec une variété exceptionnelle d’intervenants et de stratégies d’investissements » ; il est donc très difficile de « dédollariser » l’économie mondiale, mais avec le yuan qui tente de s’imposer, le dollar devient de plus en plus une monnaie de singe.

Selon l’historien Paul Kennedy, le dollar pourrait bientôt ne plus être « qu’une des trois monnaies de réserve mondiale », avec l’euro et le renminbi.

3. La Chine, colosse aux pieds d’argile ?

Le XXIe siècle pourrait être celui des grandes batailles commerciales. Avec un taux de croissance insolent de 10% (bien qu’un peu gonflé), la Chine est en train de changer la donne. En quelques années seulement, le PIB chinois risque de détrôner celui des Etats-Unis et passer ainsi en 1e position. Forte de sa position, « Pékin souhaite que le renminbi (“l’argent du peuple”) soit une monnaie reconnue et largement utilisée dans les échanges », peut-on lire dans le billet du trader et fait tout pour accélérer l’internationalisation du renminbi. Le 18 novembre dernier, la Banque Centrale de Chine a signé de façon tout à fait inaperçue un accord avec la Banque centrale d’Autriche autorisant cette dernière à réaliser des placements en renminbi. Le but : que le renminbi devienne lui aussi une monnaie de réserve internationale. D’ailleurs d’ici 3 ans, le yuan pourrait bien devenir la 3e monnaie pour le commerce international selon un communiqué de HSBC. Comme la Chine détient de colossales réserves de dollars sous formes de bons du trésor notamment, elle encourage l’utilisation du yuan pour ses échanges commerciaux afin d’atténuer son exposition aux fluctuations du dollar.

« Nous prédisons que dans trois ans, les règlements du commerce transfrontalier en yuans représenteront un tiers du total des exportations et des importations chinoises, pour un total compris entre 1.500 et 2.000 milliards de dollars par an », a déclaré l’économiste chinois Qu Hongbin, en juillet dernier.

Déjà leader sur de nombreux indices économiques, la Chine accuse cependant des réserves d’or faibles (1 054 tonnes) par rapport aux Etats-Unis qui en comptent 8 133 tonnes.

4. La 3e guerre mondiale sera économique

En août dernier, la Chine réclame une nouvelle monnaie de réserve, s’attaquant à la suprématie du dollar. En octobre, les Etats-Unis riposte, accusant la Chine de fausser ses échanges commerciaux, de dévaluer artificiellement sa monnaie pour faciliter ses exportations. Quand les Etats-Unis reprochent à la Chine de manipuler les taux de change pour rendre les exportations plus compétitives (ce qui a contribué à aggraver l’économie mondiale, notamment en Europe), Pékin rétorque aux Etats-Unis  qu’ils « ne savent pas gérer leur économie » et que c’est la Chine qui tire à elle seule l’économie mondiale. Bisque bique rage ! Est-ce une guerre de pantomimes que se livrent les deux puissances économiques pour imposer au final la suprématie du système monétaire ? Car en douce, le président Obama fait tout pour relancer l’accord trans-pacifique.

Quoiqu’il en soit, au final, à aucun moment aucune monnaie mondiale n’a réussi à s’imposer, sauf l’or et sous certaines conditions. Mais l’or n’est-il pas trop rare pour satisfaire les besoins du commerce et de l’industrie ?

5. Il n’y aura qu’un survivant : l’or

Plus la dette souveraine va s’accroître, plus les monnaies vont être dévaluées, entraînant une hausse naturelle du cours de l’or. C’est d’ailleurs ce qui est en train de se passer. Pour éviter un cataclysme économique, il faudrait que le système monétaire mondial soit basé une un panier de devises internationales dont une partie or, et que le métal jaune soit réintroduit dans l’économie de marché avec son système de compensation, le marché des effets réels, idée chère à Antal Fekete (économiste auteur du livre « Le retour au standard or »).
En 1909, le commerce mondial était financé par des Effets Réels, lettres de crédit payables à échéance, en pièces d’or. Ces Real Bills étaient le fond de roulement qui servait au paiement des salaires. Ce système très liquide était le meilleur actif qu’une banque commerciale pouvait avoir.

Par ailleurs, l’or serait « la monnaie ultime » selon Rick Santelli (éditeur de CNBC), « dans la mesure où il n’est aucunement vulnérable aux politiques engagées par les banques centrales ».
L’histoire a prouvé que la vie d’une monnaie papier était toujours courte, alors que l’or est une monnaie depuis le 6e siècle avant notre ère, cela donne à réfléchir.

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Jean-François Faure
Jean-François Faure. Président d’AuCOFFRE.com. Voir la biographie.

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