Avec la chute de Lehman Brothers en 2008, la faillite bancaire n’est plus un scénario catastrophe prédit par quelques pessimistes isolés. C’est une réalité qui, loin de n’être plus qu’un mauvais souvenir, a de plus en plus de chances de se reproduire, car les Etats ne pourront bientôt plus aider les banques à grands renforts de plans de sauvetages (payés par le contribuable). Quelles banques sont « dangereuses » pour le particulier ? Existe-t-il des banques éthiques et/ou dont les risques de faillite sont limités ? Peut-on vivre sans banque ? Focus sur ces organismes qui gardent jalousement votre argent.
Vivre sans banque, une utopie ?
Dans l’émission du 8 octobre dernier sur France 3, « Les banques vont-elles nous ruiner », plusieurs questions ont été soulevées, notamment celle de vivre sans banque. Il s’avère que c’est très difficile, et que sortir du circuit bancaire revient à vivre dans la clandestinité la plus totale, sans eau ni électricité, vu qu’un RIB est demandé systématiquement quand on est locataire et pour tout abonnement de la vie courante (énergétique, téléphonique…). Se faire payer son salaire en liquide ? Possible, à condition de ne pas gagner plus de 1500€ par mois.
La question a pourtant le mérite d’être posée car on ne sait pas toujours où les banques placent notre argent. On préférerait peut-être confier nos économies à un organisme qui ne finance pas des projets spéculatifs, exploitant la misère humaine et l’environnement. Autre facteur d’inquiétude soulevé par les banques : l’argent placé dans des produits dérivés toxiques comme les subprimes, qui ont causé la ruine de banques comme Bear Stearns et de ses clients. On est en droit de se demander où va notre argent et à qui le confier sans risque.
Les banques ont le monopole de l’argent, c’est un fait. Si seulement 1% des Français seulement n’a pas de compte en banque, ce n’est pas tellement par choix. Cette petite proportion ne concerne que des enfants, des adolescents et des adultes en situation irrégulière pour la plupart.
Etre non bancarisé à l’heure actuelle représente un vrai défi. Alors peut-on choisir sa banque et sur quels critères ?
CIC, Société Générale, BNP Paribas… Les banques privées « classiques »
Les banques privées sont a priori les banques les plus exposées aux risques. On ne reviendra pas sur la création de produits dérivés toxiques tous azimuts de petits génies de la finance, nous l’avons abordé maintes fois. Mais c’est cette avidité et cette fonction de créer de l’argent par tous les moyens qui est devenu une priorité pour ces banques dont l’objectif premier est non plus de conserver votre argent, mais d’en faire avec le vôtre. Là où elles sont très fortes, c’est qu’elles y arrivent aussi même quand vous n’en avez pas ! Goldman Sachs, JP Morgan, Lehman Brothers, Barclays… toutes ces grandes banques privées vendent à leurs clients des produits et parient en même temps sur leur perte. Paradoxal non ? Voire immoral, mais les banquiers arrogants répondront à l’opprobre générale qu’il faut bien faire de l’argent, sans quoi le monde actuel courrait à sa perte.
Le problème est que ces banques font de l’argent avec l’argent de leurs clients et que l’on ne sait pas toujours où cet argent est placé. L’autre problème de ces banques est leur taille. Elles sont obligées de générer du profit pour se maintenir. Mais heureusement, toutes les banques n’ont pas oublié leur métier d’origine et savent encore prêter.
Les banques coopératives et mutualistes
Ces banques, dont les clients sont sociétaires, passent pour être plus éthiques que les autres. Mais pour ces banques aussi, la mission d’origine est brouillée. Par exemple, même la Banque Populaire qui est pourtant une banque coopérative, s’est enlisée dans des ventes d’actifs pourris avec sa filiale Natixis en 2008 (qu’il a fallu sortir de la faillite).
Même la banque Postale qui est une banque publique, est en voie de privatisation et va, par la force des choses, suivre le même chemin que ses consœurs privées, concurrence oblige.
Pour autant, la Banque Postale ne fait pas de discrimination au niveau du choix de ses clients, et n’a aucune filiale, aucun compte dans des paradis fiscaux, contrairement au Crédit Agricole (pourtant banque coopérative).
Ces banques se distinguent pourtant des grandes banques privées notamment par le fait qu’elles sont peu ou pas exposées aux dettes souveraines des pays de la zone euro (Portugal, Grèce, Italie, Irlande, Espagne…) et par les projets qu’elles financent. La NEF par exemple est une banque alternative solidaire qui ne finance que des projets respectueux de la nature et de l’homme. Les risques de faillite sont donc limités.
Les banques communautaires
La banque du 21e siècle sera sociale ! Un nouveau modèle de banque en ligne existe à Munich depuis 2009. Assez intéressant car il fait lui aussi la nique aux instituts financiers classiques. La banque munichoise Fidor Bank vise à faire de la banque 2.0 une banque communautaire, avec échange de bons plans (on teste un produit quel que soit l’institut bancaire et on le partage) et prêts d’argent entre particuliers. Ici, pas de course à la vente de produits, ce n’est pas loin d’être révolutionnaire comme idée. Autant qu’une banque, il s’agit d’un réseau social où les clients peuvent échanger entre eux.
Quels critères pour une banque éthique ?
On peut d’ores et déjà distinguer les banques dont le premier objectif est de faire du profit de celles qui financent des projets solidaires.
Par exemple, une banque comme le Crédit Coopératif finance l’économie réelle plutôt que la finance et ne finance que des projets solidaires.
Ensuite, le choix d’une banque éthique peut s’effectuer par rapport à la question des paradis fiscaux, qui constituent l’une des fuites les plus graves du système.
La taille d’une banque est aussi un argument de choix. Plus une banque est à dimension humaine, plus elle est susceptible d’accompagner ses clients, particuliers comme entrepreneurs, dans leurs projets. C’est par exemple le cas des banques privées familiales Delubac et Wormser Frères.
La Grameen Bank, trop honnête pour les marchés
La nouvelle n’a guère été relayée en 2011. Pourtant, Muhammad Yunus, alias le banquier des pauvres, à l’origine des micro-crédits (essaimé dans le monde entier) a démissionné sous la contrainte de la Grameen Bank dont il était fondateur et directeur général.
Quel mal a bien pu commettre cet ancien prix Nobel de la paix pour être limogé de la sorte ?
Trop d’ampleur médiatique aurait provoqué la jalousie de la Première Ministre du Bangladesh qu’elle taxait de « suceur du sang des pauvres », l’accusant de s’enrichir sur le dos des plus misérables. En fait, Muhammad Yunus est l’incarnation de mouvances non gouvernementales qui échappent à tout contrôle et c’est sûrement ce qui dérangeait le plus ce que représente Madame Sheikh Hasina.
Le pouvoir souhaite en effet prendre le contrôle de la banque qu’il estime être une entité gouvernementale.