« Les banques peuvent-elles encore faire faillite ? » C’est la question posée dans le Contrarien du 21 mai… mais c’est aussi l’une des craintes qui conduit les particuliers à avoir de moins en moins confiance envers les banques.
Selon le dernier sondage IFOP pour AuCOFFRE.com, quatre Français sur dix n’ont pas confiance dans les banques. Risques de faillite, scandales à répétition, crise financière : ce manque de confiance est justifié.
Depuis 2012, un indice de confiance en chute
Pour six Français sur dix, le pays est encore en pleine crise. Cette inquiétude quant à la stabilité du système économique se traduit aussi par une perte de confiance envers les banques. Selon les derniers éléments du sondage IFOP pour AuCOFFRE.com, 42 % des Français n’ont pas confiance envers les banques.
Cet indice est en fait en chute depuis 2012. Le sondage IFOP pour AuCOFFRE.com réalisé en novembre 2012 montrait que 36 % des Français n’avaient pas confiance dans le système bancaire. Ils étaient même encore plus nombreux (56 %) à craindre une faillite bancaire.
L’année dernière pourtant, la tendance avait évolué : près de trois interviewés sur quatre estimaient faire confiance aux banques. Mais depuis un an, ils ont bien changé d’avis. Entre 2012 et 2015, le taux de confiance des particuliers envers les banques est ainsi passé de 64 % à 58 %.
Pourquoi les Français perdent-ils confiance envers les banques ?
La crainte de la faillite bancaire et de la confiscation des biens est souvent évoquée pour expliquer cette méfiance. « 47% des sondés craignent même que leur banque ne fasse faillite alors que la crise produit toujours ses effets », évoque d’ailleurs 20 Minutes.fr. Le site d’information se penche sur le sujet dans un article du 16 avril.
Sept Français sur dix craignent des prélèvements sur leur épargne, c’est-à-dire une confiscation de leur argent. Cela a déjà été le cas à Chypre en 2013.
Pour certains particuliers, le manque de confiance envers les banques s’explique aussi par les scandales à répétition : l’affaire SwissLeaks (HSBC), l’affaire Kerviel (Société Générale)…
Chypre : l’exemple de la confiscation par les banques
Des Chypriotes qui font la queue devant les guichets pour tenter de retirer quelques liquidités, des banques fermées et qui refusent de donner leur argent aux particuliers au-delà d’un certain montant… Voilà quelques-uns des effets de la crise qui a frappé l’île de Chypre entre 2012 et 2013. Au bord du défaut de paiement, le petit pays a pris les finances des habitants en otage le temps de trouver des solutions. Au plus fort de la crise, en mars 2013, les banques ont été fermées, le gouvernement craignant une ruée des épargnants.
Pire encore que la prise en otage des épargnants, s’est posée la question de la responsabilité des banques elles-mêmes dans cette crise. En quelques années, les banques chypriotes ont laissé une bulle de crédit se développer… et notamment laissé les Grecs emprunter en masse.
Résultat : une crise sans précédent dans un petit pays qui a littéralement payé les pots cassés pour le voisin grec !
SwissLeaks : quand la banque joue avec l’évasion fiscale
En février 2015, nouveau scandale, cette fois pour le groupe britannique HSBC. Le quotidien Le Monde publie une enquête qui révèle un vaste système d’évasion fiscale par l’intermédiaire de la filiale suisse du groupe britannique.
D’importantes données montrent une fraude à l’échelle internationale, qui consiste à faire transiter des fonds vers des paradis fiscaux. L’enquête a été menée pendant un an par 150 journalistes dans 47 pays, à l’initiative du journal Le Monde.
Zoom sur… la Société générale, une affaire d’Etat
Depuis 2008, l’affaire Kerviel agite la Société Générale, ses actionnaires (et surtout les petits actionnaires), l’Etat et les médias. En janvier 2008, la Société Générale annonce une perte record de 4,9 milliards d’euros. En cause : des opérations financières risquées menées par un trader, Jérôme Kerviel. La banque se dégage de toute responsabilité et accuse l’opérateur.
En 2010, après des semaines de procès très médiatisé, Jérôme Kerviel est condamné à 5 ans de prison, dont trois années ferme, et à rembourser la perte sous forme de dommages et intérêts. En 2014, la Cour de Cassation confirme la peine d’emprisonnement pour abus de confiance, manipulations, faux et usage de faux, mais casse les dispositions civiles qui condamnaient le trader à payer 4,9 milliards d’euros de dommages et intérêts.
Mais l’affaire est bien loin de s’arrêter là. « En théorie, la justice a tranché sur ce dossier », évoque d’ailleurs un article du Figaro du 18 mai. En théorie seulement : c’est bien un véritable « tremblement de terre » qui pourrait une nouvelle fois secouer le dossier Kerviel. La commandante de police de la brigade financière, qui était alors chargée de l’enquête, a livré un « étonnant témoignage » au juge d’instruction et a émis des doutes quant à la seule culpabilité de Jérôme Kerviel. Et la Société Générale, qui s’est toujours dégagée de toute responsabilité, risque bien de se trouver mise en cause.
« Les pénalités pour la Société générale et/ou ses dirigeants pourraient également être sans limites. Cela pourrait prendre la forme d’amendes pour les personnes morales et de peines d’emprisonnement », relaie Le Figaro en citant l’avocate Nathalie Roze.
Au-delà du feuilleton judiciaire, le scandale est aussi budgétaire. En 2008, la Société Générale a bénéficié d’une ristourne fiscale de 2,2 milliards d’euros. Un véritable « remboursement », qui avait déjà déclenché les ires de plusieurs personnalités politiques en 2008, et qui est désormais réclamé de nouveau par des politiques de droite comme de gauche. En cas de « comportement délibéré ou de carence manifeste des dirigeants dans la mise en œuvre des dispositifs de contrôle », la perte subie sera en effet à la charge de la Société Générale, et non celle de l’Etat.
Le point final à l’affaire Kerviel est donc encore loin d’être connu. En attendant, difficile d’accorder sa confiance au système bancaire !
Quelles alternatives au système bancaire ?
Scandales en série, craintes d’un effondrement bancaire ou d’une confiscation des biens : la méfiance des particuliers envers les banques est justifiée. En cas de défaillance du système bancaire, en cas de dévaluation soudaine de la monnaie ou de perte des économies laissées à la banque, le risque est immédiat pour les particuliers.
Quelques alternatives peuvent être adoptées : diversifier son réseau bancaire et « réapprendre à vivre avec des espèces », comme le conseille Simone Wapler dans son livre « Comment l’Etat va faire main basse sur votre argent ». Ou se tourner vers l’or ou l’argent, valeurs sûres en cas de crise… et qui ne risquent pas une confiscation de l’Etat lorsqu’elles sont détenues en dehors du circuit bancaire !