Ils manipulent le monde, le cours du zinc et de l’aluminium, et pourquoi pas celui de l’or ? Nous vous présentons ce reportage édifiant d’un monstre qui était à la base au service du bien public et qui est devenu un monstre boulimique de capitaux. Humanistes s’abstenir !
Le reportage diffusé sur Canal Plus en novembre 2011 est édifiant. Il raconte, interviews à l’appui, l’ascension et la dégénérescence d’une banque multinationale échappant à tout contrôle. Nous l’évoquions déjà dans notre dossier sur Le rôle des banques.
On parle de réguler les marchés ? De moraliser les banquiers ? Mais « les banquiers de Goldman Sachs sont malins, ils sont issus des meilleures écoles du pays et sont très habiles à contourner les nouvelles règlementations », confie la première journaliste interviewée.
Jusqu’aux années 80, Goldman Sachs était une banque responsable, sérieuse, la bonne banque de famille à qui l’on pouvait laisser « dormir » son or et ses liquidités. Puis dans les années 90, la machine s’est emballée, sous l’impulsion ultra libérale d’un Reagan à la tête des Etats-Unis.
Dans son blog « Naked Capitalism », Susan Weber (alias Yves Smith), une ancienne de la “pieuvre” y dénonce les changements du système bancaire dans les années 80. Les évènements ayant contribué au changement d’une simple banque en monstre sont de deux ordres. Dans les années 90, le marché du crédit devint plus important, plus risqué, plus profitable, plus rentable. D’autre part, le marché des produits financiers dérivés s’est développé et est devenu énorme. Un monstre est né.
« Un renard pour surveiller le poulailler »
John Cassidy, journaliste économique balance pêle-mêle : « Les grandes banques françaises ou allemandes ont créé des filiales qui ressemblent à tout point de vue à Goldman Sachs. Ce sont des casinos dissimulés à l’intérieur de banques à l’ancienne (…).Goldman Sachs conseillerait à ses clients de parier sur l’écroulement financier de l’Europe ». Un député européen vend aussi la mèche : « Goldman Sachs parie sur l’évolution des prix. Ils gagnent à chaque fois car ils font varier les prix en question, l’opacité totale des marchés leur permet ça. On est en train de créer + de risques qu’il n’en supprime ».
La manipulation des cours est rendue facile par des échanges ultra rapides avec des logiciels ultra rapides. Nous ne pouvons pas contrôler ce qui se passe dans ces échanges à haute vitesse.
Une des constatations les plus cyniques de ce reportage est qu’il est beaucoup plus rentable de détruire l’économie que de la soutenir. Alors comment peut-on espérer une sortie de crise, ou ne serait-ce qu’une amélioration économique en 2012 ? L’avenir sera beau pour les banques, mais les particuliers eux ont intérêt à placer leurs économies dans des valeurs sûres comme l’or, s’ils ne veulent pas les voir absorbées par l’hypoglycémie permanente des banques.
« Nous ne vivons pas en démocratie mais dans un système totalitariste inversé ».
Voir le reportage « Goldman Sachs – Les nouveaux maîtres du Monde »