La domination du produit intérieur brut (PIB) en tant qu’indicateur de richesses est régulièrement contestée, notamment par les défenseurs de la décroissance. Ces derniers l’accusent de fausser le jugement des décideurs et de pousser les économies sur la voie d’une croissance mortifère et insoutenable écologiquement. Dans cette deuxième analyse écrite pour Élucid, l’économiste David Cayla explique ce qui se cache derrière le PIB, en montrant la manière dont il est construit et en détaillant son intérêt et ses limites.
La critique du PIB est devenue un lieu commun à gauche et dans des ouvrages consacrés à la décroissance. Certains n’hésitent pas à parler de « dictature du PIB » (Gadrey 2002, p. 16) ou estiment que « la boussole du PIB obscurcit plus qu’elle n’éclaire » (Parrique 2022, chap. 1). D’autres en contestent la pertinence en tant qu’indicateur de richesse, faisant remarquer que « les accidents d’auto augmentent le PIB » (Latouche, 2006, p. 71), ou en citant Robert Kennedy qui notait déjà, il y a plus de cinquante ans, que le PIB « compte […] même les ambulances qui nettoient le carnage sur nos autoroutes » (Jackson 2017, p. 88). De manière générale, les théoriciens de la décroissance entendent montrer que le PIB n’est pas un bon indicateur de bien-être, et que l’objectif de sa croissance ne peut gouverner les politiques publiques.
Disons-le dès à présent, ces critiques sont partiellement vraies. La croissance du PIB ne signifie pas nécessairement l’amélioration des conditions de vie, la baisse des inégalités et le développement social…
Source : Elucid