Le reflux du prix de l’or, qui commença à se manifester, très rapidement, après le 21 janvier 1980, ouvrit non seulement la voie au règne de l’étalon dollar au sens pur du terme, mais empêcha aussi, en France, le désastre complet de l’emprunt Giscard. En octobre 1973 le Ministre des Finances de Georges Pompidou avait lancé un emprunt de 6,5 milliards de francs. Cet emprunt, rémunéré à 7 %, était à tout égard semblable à l’emprunt Pinay; de 1952-1958. Comme lui, sa valeur était garantie par le cours de l’or, et dispensée de droits de succession et de donation. Mais, ce qui était possible, au moment où le prix de l’or était stable, à 35 dollars l’once, cessa d’être viable, dans un marché où le métal précieux tendait à s’envoler. L’emprunt Giscard, 1973, a été lancé au moment précis où l’once d’or valait 97 dollars et est arrivé à son terme au moment où elle valait 437 dollars. Ce qui fait que cet emprunt, remboursé en janvier 1988, a coûté 12,3 fois plus que ce qu’il avait permis à l’État d’encaisser, c’est-à-dire de 80 milliards de francs. I1 est tout à fait évident que cet emprunt aurait coûté beaucoup plus, sí l’or n’avait pas été cassé dans son processus de remonétisation, par les Accords de Jamaïque et par la taxation des transactions qui ont commencé au niveau international, à partir de 1979.
Valéry Giscard d’Estaing passait, au moment où il fut élu président, en 1974, pour le plus brillant des grands argentiers du monde occidental. L’histoire de l’emprunt qui porte son nom rend d’autant plus évidente la cécité des responsables politiques de l’époque quant aux grandes secousses de l’ordre monétaire international.
Edouard Husson & Norman Palma, auteurs de « Le capitalisme malade de sa monnaie : Considérations sur l’origine véritable des crises économiques«
Valéry Giscard d’Estaing, Président de 1974 à 1981 est décédé des suites du COVID-19 le 2 décembre 2020